En 1966 Mado Jolain-Legrand en visite à Londres y observe que des boutiques de mode s’installent dans d’anciens commerces de bouche sans toucher au décor d’origine. L’idée fait son chemin et lorsque les grossistes des Halles déménagent pour Rungis en banlieue Sud de Paris, Quatre Saisons choisit l’ancien local d’un boucher en gros du quartier, 19 rue Mondétour (Paris 1° arrond.), pour ouvrir sa troisième boutique. L’espace est immense, mal chauffé, mais plein de caractère avec ses murs habillés de carreaux blancs, ses crochets de boucher vissés sur toute la longueur des murs, son monte-charges. Quatre saisons conserve ce décor : les empilements de tabourets à vis, les planches pour tables tréteaux, les tablettes et les échelles pour étagères viennent se ranger le long des murs carrelés. Des tringles en bois servent pour accrocher sous les plafonds, paniers, sabots, sacs – comme les pièces de viande autrefois. La porcelaine blanche, les planches à découper, le tissu pour torchons à carreaux sont à leur affaire dans ce quartier populaire, dédié à la cuisine. Le monte-charge est préservé et les vendeuses portent des sabots fourrés de peau de mouton comme les marchandes des Halles.
Même avant la démolition des Halles en 1971, le quartier devient un vaste chantier où se mélangent les anciens occupants ou résidants de ce quartier populaire et de jeunes créateurs qui envahissent les grands espaces libérés (l’équivalent des lofts désormais en vogue dans les capitales anglo-saxonnes). Quatre Saisons est parfaitement à son aise dans cette soupe créative. En 1974 il lui faut quitter la rue Mondétour en raison des démolitions pour le local d’un grossiste en charcuterie à quelques pas de là, rue du Jour.